Par Léonore Baehler, conseillère municipale

La deuxième journée de séance plénière débute par l’évocation de la problématique des toitures des bâtiments historiques de la Ville en lien avec la fin d’activité de la Tuilerie de Bardonnex, dernière manufacture de la région, par Madame la Conseillère administrative Frédérique Perler en réponse à une question orale (Brigitte Studer). En plus du risque d’image pour lesdits bâtiments historiques et leur valeur patrimoniale, il est notamment question de la dimension du développement durable d’une telle situation. En effet, le savoir-faire unique local inimitable, la perte d’emploi, l’ultra proximité ainsi que la revalorisation de déchets sont des éléments essentiels qui sont actuellement défendus et traités par le Grand Conseil et le Conseil d’Etat.

Par la suite, Monsieur le Conseiller administratif Alfonso Gomez en réponse à Denis Ruysschaert  évoque le programme organisé par le service de l’Agenda 21 en collaboration avec la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) et l’association Partage en lien avec la Journée de l’alimentation sur le thème de l’alimentation durable et plus spécifiquement le gaspillage alimentaire. Ceci entre idéalement dans le cadre du programme “nourrir la ville” déjà mis en place par ledit service A21. Notons également qu’en 2021, Genève deviendra pour la première fois la “ville du goût” ainsi que de la qualité alimentaire pour cette année à venir!

Un complément est apporté par la Conseillère administrative Christina Kitsos à la question posée par Delphine Wuest faisant référence au gaspillage alimentaire et à la forte diminution des dons de nourriture par la Fondation Partage depuis le début d’année (-50 à -70%). Migros et Coop opérent une meilleure gestion de leurs stocks et invendus, notamment en effectuant de fortes réductions de tarifs (paniers à CHF 1.- symbolique proposés aux collaborateur.trice.s) ainsi que le compostage des produits n’ayant pas trouvé preneur dans l’objectif de produire du biogaz (Coop).

Concernant les aspects financiers du mégaprojet de la Cité de la Musique (PR-1395), il est important de noter en préambule que les principaux bénéficiaires de ce nouvel espace musical, l’OSR ainsi que le Grand Théâtre, sont déjà fortement soutenu par l’Etat. Notons également l’ouverture de 20 à 60 nouveaux postes administratifs pour la gestion de cette nouvelle infrastructure (comprenant 3 nouvelles salles) alors que le DIP annonce encore cette année la suppression de postes dans l’enseignement public. Par ailleurs, le Canton, en refusant notamment le projet d’un nouvel établissement pénitentiaire, donne clairement le ton sur l’avenir des grands projets au bénéfice de plus petites structures. Delphine Wuest relève très justement l’existence de nombreuses salles déjà construites ou en cours de construction dédiées aux concerts et spectacles et qu’il serait de bon ton de mutualiser. Il n’y a dès lors nul besoin de salles supplémentaires. Notamment, la future salle philharmonique de ce nouvel édifice serait inutilisée quelques 266 jours par année. Concernant l’entretien du parc, ce dernier sera géré également par la Ville pour quelques 400’000 francs par année. Il est donc important de ne pas voter ce PLQ “à l’aveugle” selon la cheffe de groupe des Vert.e.s, Delphine Wuest. La question du besoin impératif est pour les Vert.e.s essentielle en pleine conjoncture économique annonçant une future crise d’ampleur mondiale. Ce projet pharaonique ne semble pas justifié dans ce contexte.

Deux recommandations ont également été acceptées. Il s’agit pour la première de demander à la Ville de préciser qu’elle ne doit pas participer aux frais de fonctionnement de cette Cité de la Musique. Pour la deuxième, augmenter le soutien de la Ville aux musiques de créations au travers de la mise à disposition de locaux.

Toutefois, malgré ces nombreuses interventions pertinentes et objectives, le projet a obtenu un préavis positif du CM donné à 41 oui (PDC, PLR, MCG, PS) contre 29 non (Verts, EàG, UDC). Une majorité a ainsi accepté le plan localisé de quartier (PLQ) N° 30 134. Un référendum a déjà été annoncé par plusieurs groupes. 

Une autre urgence actuelle, au regard de la situation économique complexe, sont les différentes mesures sanitaires pour les petits acteur.trice.s de la restauration. Comme action concrète de soutien au tissu économique local, il a été accepté dès le 1er novembre 2020, pour les 750 terrasses d’été situées sur le territoire de la Ville de Genève la prolongation possible jusqu’au 28 février 2021. Cependant, leur ouverture n’est acceptée que jusqu’à 21h. Outre les horaires, les exploitant.e.s intéressé.e.s par cette prolongation devront respecter un certain nombre de conditions (respect du périmètre octroyé, propreté, pas d’installations de cloisons, respect des mesures sanitaires liées au Covid). En vertu de la législation cantonale, les chaufferettes fonctionnant au gaz d’origine fossile, mazout ou électricité ne sont pas admises sur les terrasses. 

Nous sommes tou.te.s touché.e.s par un sujet à la portée internationale, abordé par Anna Barseghian et les chef.fe.s de groupes des différents partis, qui interpellent le Conseil municipal sur la problématique du conflit extrêmement violent se déroulant en République du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au travers de la résolution “les arméniens du Haut-Karabakh ont le droit à la vie et à l’auto-détermination”. Le Conseil de sécurité de l’ONU, la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe, Amnesty International ainsi que la Russie, l’Iran, les États-Unis et la France notamment ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et au respect du droit international humanitaire. Les signataires de ladite résolution invitent la Ville de Genève dans son ensemble à reconnaître le droit à l’autodétermination des Arménien.ne.s du Haut-Karabakh comme seule possibilité  de garantir leur sécurité et de soutenir la population arménienne actuellement sous les bombes.

Finalement, il a été abordé la modification du règlement de la Gérance immobilière municipale (GIM) pour ce qui est de ses logements sociaux. Elle conduira à davantage de protection pour les locataires.  Cette amendement a été adopté avec une très large majorité. En tant que Conseiller administratif en charge du logement, Alfonso Gomez évoque également ses ambitions futures pour la GIM : favoriser la mobilité et les rocades entre locataires et, plus largement, accélérer la rénovation de ce parc immobilier vieillissant, pour entrer de plain-pied dans la transition écologique, mais aussi pour davantage de justice sociale.